• Nick D'Aloisio (Fondateur de Summly, chef de produit chez Yahoo! Mobile) : Les confidences d'un «bébé » millionnaire.

    Nick D'Aloisio (Fondateur de Summly, chef de produit chez Yahoo! Mobile) : Les confidences d'un «bébé » millionnaire.

    Nick D'Aloisio vient tout juste de fêter ses dix-huit ans, mais ce jeune Britannique a déjà créé et revendu sa propre société. En mars, Yahoo! annonçait en effet le rachat de Summly, une application mobile qui résumait en quelques mots des articles d'actualité. Le portail aurait misé 30 millions de dollars en cash sur cette opération. Depuis, Nick D'Aloisio a rejoint les équipes de Yahoo! Mobile à Londres, en tant que chef de produit. Lors de la conférence LeWeb, organisée à Saint-Denis, il a impressionné l'auditoire par son aisance et sa maturité.

    Comment en êtes-vous venu à créer Summly ?

    J'ai commencé à programmer à l'âge de douze ans, mais c'était des choses basiques. En 2008, lorsque Apple a annoncé la création de son App Store, j'ai décidé de développer une application, Trimit. C'était une belle opportunité car, comme c'était quelque chose de nouveau, tout le monde partait à égalité. Il s'agissait d'une application qui résumait des contenus [e-mails, articles, etc., NDLR]. Le résultat était très imparfait, mais Apple a décidé de la mettre en avant. Des blogs spécialisés en ont parlé, à tel point que cela a attiré l'attention de Li Ka-shing, un milliardaire et investisseur basé à Hong Kong. Il a fait le déplacement à Londres pour me rencontrer et, avec ma famille, j'ai décidé de tenter l'aventure : en janvier 2012, j'ai accepté l'investissement et j'ai quitté l'école à seize ans pour me consacrer à mon projet.

    Comment s'est passé le rapprochement avec Yahoo! ?

    A partir de janvier 2012, je me suis consacré à l'amélioration du produit et j'ai donc sorti Summly, qui se focalisait sur le résumé d'articles. De nouveaux investisseurs m'ont approché, nous avons levé plus de 1 million de dollars à l'automne 2012 [Summly a alors accueilli à son capital l'acteur Ashton Kutcher, le cofondateur d'Airbnb, Brian Chesky, le fondateur de Zynga, Mark Pincus et même... Yoko Ono, NDLR] et nous avons sorti une nouvelle version de l'application il y a un an. C'est alors que Yahoo! m'a contacté.

    Les négociations ont-elles été difficiles ?
    Non, il y a toujours des discussions [rires] mais cela s'est fait assez naturellement. J'ai rencontré les salariés de la division mobile, le contact est bien passé, c'était pour moi le plus important. Et puis, rejoindre Yahoo! à ce moment-là, en pleine mutation avec l'arrivée de Marissa Mayer, c'était particulièrement excitant.

    L'application a alors été stoppée par Yahoo!. N'est-ce pas frustrant de voir son produit arrêté ?

    Non, car, dès le début, les choses étaient claires. Yahoo! était intéressé par la technologie, mais cela devait être utilisé dans ses produits. Le plus frustrant aurait été de voir Yahoo! l'abandonner, mais ce n'est pas le cas : nous continuons de travailler dessus.

    Justement, aujourd'hui, quel est votre rôle chez Yahoo! et sous quelle forme verra-t-on renaître la technologie Summly ?

    J'ai intégré les équipes mobiles, à Londres, où je suis chef de produit. Nous travaillons très dur pour intégrer Summly à certains produits de Yahoo!, qui a décidé de faire du mobile sa grande priorité. Je ne peux pas encore parler des futurs produits, mais on devrait voir les premiers résultats sortir dans le courant de l'année prochaine. Nous prenons d'abord le temps de tester et pour être sûrs que nous allons lancer des produits vraiment innovants.

    Cela n'a pas été trop difficile de se retrouver dans un grand groupe ?

    Non, car Yahoo! conserve un esprit start-up. Je n'ai pas du tout l'impression de travailler dans une grande entreprise. Les gens sont accessibles et j'apprends beaucoup au contact de personnes comme Marissa Mayer. Je dispose aussi de plus de ressources.

    Vous allez souvent à Sunnyvale, au siège de Yahoo!. Quelles différences y a-t-il entre l'Europe et la Silicon Valley ?

    En Europe, nous sommes sans doute plus réalistes. Cela a de bons et de mauvais côtés. En Californie, il y a une grande concentration d'entrepreneurs, les gens prennent des risques, et il y a surtout davantage de financement : plus d'investisseurs, des possibilités d'aller en Bourse...

    Seriez-vous prêt à vous installer là-bas ?
    Pourquoi pas, quand je serai un peu plus vieux ?

    Mais, pour le moment, j'aime la vie à Londres.

    Comment voyez-vous l'avenir des médias, à l'ère du mobile ?

    Je pense que ce que l'on voit émerger avec Snapchat est un phénomène intéressant. Les gens veulent des contenus rapides, simples à utiliser. Tout l'enjeu pour les médias est de capter leur attention. Il faut donc leur proposer des produits qui répondent à leurs attentes et qui s'adaptent à la taille de l'écran. Il faut aussi penser multimédia : le texte, c'est bien, mais le son, la vidéo sont encore sous-exploités.

    Aviez-vous réfléchi à la monétisation de Summly ?

    Oui, avant d'être racheté par Yahoo!, nous y avions pensé. Nous pensions intégrer des « native ads », nous avions fait des tests pour introduire des formats publicitaires non intrusifs. Cela fonctionnait plutôt bien. Nous avions aussi un partenariat avec News Corp. pour intégrer, par exemple, les contenus du « Wall Street Journal ».

    Vous êtes toujours aussi naturel pour communiquer ? Avez-vous suivi des « media trainings » ?

    Non, j'ai dû prendre une leçon de deux heures, une fois, quand j'ai commencé à donner des interviews. Mais je suis passionné, j'aime ce que je fais, c'est donc plus facile.

    Comment vous voyez-vous dans dix ans ?

    Je ne sais pas, tout va si vite. Peut-être que j'aurai créé une autre entreprise. Tant que je m'amuse et que j'aime ce que je fais, je ne me pose pas la question.

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